BLOOD RED 2.0
2022. ESADHAR / École Supérieure d’Art & Design Le Havre/Rouen, Le Havre, FRANCE
L'ESADHaR accueille une exposition présentée dans le cadre de la manifestation Pacifique(S) Contemporain.
Elle est le prolongement d'un colloque qui a eu lieu en septembre 2021, soutenu par l'université du Havre et le laboratoire de recherche GRIC(link is external).
Commissariat : Jacqueline Charles-Rault, enseignante à l'Université du Havre et membre du laboratoire de recherche GRIC
Greg Semu est un photographe et artiste multimédia samoan, né en Nouvelle-Zélande.
Son travail porte sur les communautés indigènes et les injustices que les colonisateurs ont fait subir à ces populations, mais aussi sur les conséquences de ces mauvais traitements.
L'introduction du christianisme et les missions d’endoctrinement menées par les missionnaires dans le Pacifique au XIXe siècle sont un thème récurrent dans le travail de l’artiste. À travers ses images photographiques et ses mises en scène théâtrales, il recrée des récits qui réécrivent l'histoire et donnent la parole aux victimes et non aux bourreaux.
Blood Red a été initialement réalisé en 2016 avec la communauté indigène isolée de Coen, située à Cape York, dans le nord du Queensland. Greg Semu a été chargé, par la Cairns Art Gallery, de réaliser un corpus en deux parties.
La première séquence se concentre sur l'histoire coloniale et les mauvais traitements infligés à la communauté.
Elle représente des hommes enchaînés, surveillés par des hommes armés. L'œuvre évoque le passé à travers des images de grandes dimensions, un format que privilégie Greg Semu dans son travail. Ici, renversant le cours de l’histoire, les rôles sont inversés : les colonisateurs deviennent les opprimés enchaînés et gardés par des indigènes armés. Greg Semu nous présente les deux faces de la médaille et, ce faisant, réécrit l'histoire pour éclairer sur les injustices et la discrimination subies par cette communauté.
La seconde séquence évoque la brutalité qui continue de s’exercer, de nos jours, sur les Aborigènes placés en détention.
Elle décline des images de violences policières exercées sur les populations autochtones et ayant entraîné de nombreux décès. Les décors sont des cellules de prison, dans lesquelles la force physique est manifeste.
Blood Red a été présenté une seule fois en Australie, à la Cain's Gallery, en 2017.
Présentée à la galerie 65 de l'ESADHaR, elle est l’occasion de faire la lumière sur l’une des faces sombres de l'histoire coloniale australienne et la relation complexe que cette nation continue d’entretenir avec ses communautés indigènes.
Jacqueline Charles-Rault
A special thankyou to Cairns Art Gallery, Naomi Hobson, Queensland Government and Alcaston Gallery